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Interview croisée avec trois figures sportives Aveyronnaises

Le match opposant nos Rafettes aux Girondines de Bordeaux sera placé sous le signe du sport féminin. L’occasion pour nous de mettre en avant ces sportives qui évoluent au plus haut niveau du sport français. Sophie Duarte, Marie Bousquet, et Jöna Aigouy ont en commun leur racine Aveyronnaise et leur amour pour le stade. Respectivement coureuse de demi-fond, footballeuse, et spécialiste en lancer de javelot, nous sommes partis à la rencontre.

Présentez vous en tant que sportive.

Sophie Duarte : “Je suis Sophie Duarte, internationale sur 3000 steeple, 5000 m, 10 000 m, et cross country. J’ai 36 sélections en équipe de France. J’ai fait les Jeux Olympiques, je suis Championne d’Europe, et j’ai conservé pendant plus de 10 ans le record de France de 3000 steeple. J’ai également fait plusieurs championnats du monde sur piste, avec des places de finalistes. J’évolue au CA Balma depuis 2009.”

Sophie Duarte titrée Championne d’Europe de cross-country en 2013

Marie Bousquet : “Je m’appelle Marie Bousquet, j’ai 18 ans, je joue au Rodez Aveyron Football depuis l’âge de 5 ans. J’évolue en D1 Arkema, et je suis également passée par le pôle espoir féminin de football à Blagnac.”

Jöna Aigouy : “Je m’appelle Jöna Aigouy et je suis spécialiste du lancer de javelot. J’ai 6 titres de Championne de France jeune, et un titre de Championne de France Élite en 2021. Je comptabilise 8 sélections en équipe de France. J’ai gagné la médaille d’argent au Festival Olympique de la Jeunesse Européenne et la médaille de bronze aux Championnats d’Europe Espoir.”

 

Pouvez-vous nous raconter votre entrée dans la pratique ?

Sophie Duarte : “En fait je courais de manière auto organisée à Espalion, dans le Nord Aveyron, j’ai commencé comme ça. C’est pendant ma première année de fac où un entraineur Patrick Deprez m’a rencontré sur un stade et m’a proposé de commercer l’athlétisme. C’est là que j’ai pris ma première licence. J’ai vraiment commencé sur les terres Aveyronnaises et même sur l’Aubrac, je courrais d’abord pour l’aspect loisir, santé et bien-être. Je n’ai pas été licenciée jeune, néanmoins, je faisais beaucoup de sport à l’UNSS, j’avais un esprit de compétition assez élevé.”

Marie Bousquet : “J’ai commencé le foot dans le jardin chez mes grands-parents avec mes cousins, j’y jouais aussi beaucoup à l’école avec les garçons. Un jour, il y a un ami à moi qui m’a demandé de venir essayer le foot avec lui à Rodez et c’est là que j’ai accroché, je n’ai jamais quitté le club depuis.”

Jöna Aigouy : “J’ai commencé l’athlétisme quand j’avais 6 ans. Au début, je pratiquais toutes les disciplines puis je me suis spécialisée progressivement dans les lancers. Pour la petite anecdote, lors de ma première compétition en école d’athlétisme, j’ai gagné l’épreuve de lancer et de course, et je suis arrivée 6ème au saut en longueur. C’est cette petite défaite qui m’a motivé à continuer le sport et c’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à bien m’entraîner. J’avais 6 ans et c’est la compétition qui me faisait vibrer. Lorsque j’ai eu 14 ans, j’ai quitté le foyer familial pour rejoindre le CREPS de Toulouse puis 2 ans plus tard le CREPS de Bouloris Saint-Raphaël. L’entrée en structure de haut niveau a marqué pour moi ma véritable spécialisation dans le lancer de javelot et mon entrée dans le sport de Haut Niveau.”

 

Quel est votre meilleur souvenir sportif ?

Sophie Duarte : “C’est vraiment très difficile de choisir, il y en a beaucoup. Je pense que mon meilleur souvenir finalement, c’est mon premier championnat du monde, puisque voilà, on retient vraiment les premières choses. J’arrive avec beaucoup de convictions sportives, et en fait, c’est une année où tout se passe super bien, je bats mes records tout au long de la saison, et je finis 5ème au championnat du monde à Osaka devant des Russes, des Kényanes et des Africaines. C’est là que commence vraiment ma carrière.”

Marie Bousquet : “J’en ai deux en tête, le premier c’est ma première convocation en Équipe de France en U17, où on devait affronter l’Allemagne et le Danemark en match amicaux, et le second c’est la montée en D1 Arkema l’année dernière. C’était une saison où j’ai pu jouer pas mal de matches, j’en garde de bons souvenirs.”

Jöna Aigouy : “Mon meilleur souvenir, c’est probablement ma première sélection en équipe de France et donc ma première médaille internationale. À ce moment-là, je n’évaluais pas du tout mon niveau et l’équipe de France me paraissait tellement loin, et pourtant, je me suis bien illustrée lors de cette compétition. C’était incroyable de vivre ces moments dans le village olympique avec toutes les équipes de France et surtout de vivre le podium à la fin du Championnat.”
Première sélection en Équipe de France A

Quelles sont vos ambitions pour la saison prochaine/ qui arrive ?

Sophie Duarte : “Aujourd’hui, je suis en pleine reconversion pour devenir entraîneuse à la Fédération Française d’Athlétisme et je suis actuellement des athlètes qui vont participer aux Championnat du Monde ou qui préparent les Jeux Olympiques. A visée internationale, je n’ai plus d’ambition en tant qu’athlète.”

Marie Bousquet : “J’espère pouvoir être titulaire, faire le plus de matches possible avec cette équipe, et pourquoi pas retourner en Équipe de France.”

Jöna Aigouy : “Pour la saison prochaine, je cherche à me qualifier aux Jeux Olympiques et à terminer dans les finalistes.”

 

Comment conciliez-vous vie professionnelle/étudiante et haut niveau ?

Sophie Duarte : “J’ai eu la chance et la malchance de commencer l’athlétisme tard, donc j’avais déjà une maîtrise en poche. Ma pratique, c’était mon métier, donc voilà, j’étais professionnelle. J’avais déjà un bagage professionnel, donc je me suis consacrée à 100 % à ma pratique au niveau professionnel. Je n’ai pas eu besoin de réussir à concilier les deux.”

Marie Bousquet : “Je suis actuellement en première année de STAPS à Rodez. Je m’investis à fond dans le football et dans les études. C’est parfois compliqué parce qu’il m’arrive de devoir louper des entraînements quand j’ai des cours obligatoires à la fac, ou inversement, il m’arrive de devoir louper les cours pour le football, et devoir les rattraper plus tard. Ce n’est pas tout le temps facile, mais je pense avoir trouvé mon équilibre.”

Jöna Aigouy : “Cela n’a pas toujours été facile de tout concilier. Quand je suis arrivée à Saint-Raphaël, j’ai passé mon bac par correspondance, puis ma licence STAPS également par correspondance. Ça m’a permis de faire des études tout en continuant à m’entrainer. Suite à ma licence STAPS j’ai commencé une licence de psychologie, donc là actuellement, je suis en 3ème année de psychologie et toujours à distance. Le plus difficile ce sont les périodes d’examens, parce que ça me prend énormément d’énergie et donc en général, c’est dans ces périodes-là qu’au niveau de l’entraînement c’est plus délicat.
Concernant ma vie professionnelle, comme le lancer de javelot n’est pas ultra démocratisé,  j’ai du faire plein de petits travail à côté pour pouvoir m’en sortir. Aujourd’hui, je suis tutrice en STAPS au sein du même CREPS dématérialisé dans lequel j’ai étudié. Aujourd’hui, je pense avoir trouvé un équilibre entre mon travail (le tutorat en STAPS) et mes études que j’ai réussi à aménager en trois ans pour pouvoir préparer les JO.”

 

Qu’est-ce que vous diriez aux jeunes filles qui hésitent à se lancer dans la pratique ?

Sophie Duarte : “Il faut déjà prendre beaucoup de plaisir à faire du sport régulièrement, déjà pour l’aspect santé, le sport fait partie de la vie. Moi, je dirais aux jeunes de croire en soi, de persévérer et de rester focalisé sur ses motivations profondes sans oublier les études. Osez, c’est vraiment ce message, ne pas hésiter à se lancer.”

Marie Bousquet : “Je leur dirai qu’il faut pas hésiter à se lancer, que le seul moyen de savoir si ça nous plait et si ça va marcher c’est de tester. Je leur dirai que quand on commence le football, en général on y reste” (rires)

Jöna Aigouy : “Ce que je dirais aux jeunes, c’est que le sport c’est ultra enrichissant. C’est une activité qui te permet de grandir, de rencontrer des gens, de voyager, de progresser physiquement, mais aussi dans la tête. Le fait d’avoir des objectifs sportifs te donne aussi une ligne directrice qui te guide plus au moins et qui te permet de prendre les bonnes décisions pour toi même et pour ton sport.”

 

Et pour finir, qu’est-ce-que l’on peut vous souhaiter pour cette fin de saison/ début de saison ?

Sophie Duarte : “En ce moment, je passe pas mal de diplômes professionnels et universitaires pour vraiment être bien formée. Aujourd’hui on peut me souhaiter d’avoir des résultats en tant qu’entraîneuse, et faire des choses pour faire évoluer ma pratique aussi. Le sport ne va pas s’arrêter en 2024, et ça il faut bien le saisir.”

Marie Bousquet : “En ce qui concerne les études, on peut me souhaiter de rentrer en école de kiné à Rodez, et concernant le foot, on peut me souhaiter d’obtenir le maximum de temps de jeu, et des titularisations. Pour finir, sur un aspect collectif, on peut surtout nous souhaiter un maintien en D1 Arkema”

Marie Bousquet lors de la rencontre RAF / Le Puy Foot 43 (2-0) la saison passée
Jöna Aigouy : “La saison d’athlétisme n’a pas encore commencé, elle a lieu l’été en général. Je suis en train de revenir d’une grosse blessure au genou qui m’a écartée des stades depuis bientôt 1 an. Ce que vous pouvez me souhaiter, c’est de pouvoir reprendre la compétition en bonne santé et de pouvoir vraiment m’exprimer sportivement lors de ces compétitions. Et pourquoi pas de boucler la saison sur un deuxième titre de Championne de France Élite.”